Le siège de l'île de Ré en 1627
                 le fol amour de Buckingham en serait-il la cause ?
                                     
par Michelle Peyssonneaux


                                              (Extrait du n° 120 de décembre 2016)

 

Michelle Peyssonneaux est présidente de La Plume des Fadets, responsable des fêtes et kermesses dans l’Association

diocésaine de Saintes. Elle a précédemment rédigé pour le n° 101 de La Saintonge Littéraire Louis de Bassompierre 1610-1676, et

pour le n° 112 de décembre 2015 Le dernier voyage du capitaine Hurtain, marin de La Tremblade.

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Un débarquement anglais sur l’île de Ré

             Le 27 juillet 1627, les habitants de l’île voient avec étonnement apparaître des voiles à l’horizon, du côté du Pertuis Breton. Quelques heures plus tard, une véritable armada de navires anglais se déploie dans la rade de Saint-Martin, avec quarante vaisseaux de guerre et des dizaines d’autres bâtiments. Le lendemain, ils s’assemblent autour de la pointe de Sablanceaux. Après avoir mis les chaloupes à la mer, plus de dix mille hommes débarquent sur la plage, dont sept régiments d’infanterie et trois mille soldats huguenots français menés par Soubise.

             Le marquis de Toiras, gouverneur militaire de l’île, n’est qu’à moitié surpris de cette invasion. Il avait été prévenu qu’une intense activité régnait depuis des mois dans les ports d’outre-Manche. Pourtant, il n’y a eu à ce jour aucune déclaration de guerre entre les deux pays.

 
Le Maréchal de Toiras
Le Maréchal de Toiras

Et même, deux ans plus tôt, la jeune Henriette-Marie de France,soeur de Louis XIII, a épousé à Paris, par procuration, Charles 1er, roi d’Angleterre. Comment expliquer alors ce débarquement ?
            
 Courageusement, Toiras se porte avec ses troupes au-devant des envahisseurs. Il fait d’abord donner les escadrons de sa cavalerie, composée principalement de gentilshommes, puis les fantassins, armés de piques et de mousquets. Les boulets de canon, tirés depuis les navires de l’ennemi, font des ravages dans la fleur de la noblesse française.
 Parmi les morts, le baron Celse-Bénigne de Rabutin, père d’une petite fille de dix-  huit mois, la future marquise de Sévigné. Toiras y perd aussi un de ses frères. Ils seront tous deux enterrés, au cours d’une trêve, à l’église de Saint-Martin.

              Craignant que ces combats en terrain découvert ne fassent trop de victimes parmi ses hommes, le chef prend le parti de se retirer avec eux dans la citadelle de Saint-Martin. 
Quelques jours plus tard, les Anglais, se présentant devant les murs,se mettent à creuser des tranchées et à disposer leur artillerie. Commence alors une partie de bras de fer qui va durer plusieurs mois entre Jean de Saint-Bonnet de Toiras et le duc de Buckingham, grand amiral de cette flottille, premier ministre dans son pays et favori de son roi.

Les raisons d’une invasion

          Quel sens donner à ce débarquement, alors qu’aucune déclaration de guerre n’a été proclamée ? La raison officielle en est que le roi d’Angleterre se sent investi de la mission de soutenir les protestants de La Rochelle. Ceux-ci craignent que le roi Louis XIII leur retire les garanties dont ils jouissent, dont la liberté de culte et certains privilèges commerciaux. Rêvant aussi de faire de leur ville une petite république, ils augurent mal de la construction du Fort Louis que le pouvoir royal est en train d’édifier près de leurs remparts, probablement en vue de combattre cette prétention.
Entre deux combats en Languedoc, le duc de Rohan, qui s’est déclaré chef des Églises Réformées, et son frère, Soubise, ont demandé sa protection au roi d’Angleterre. Tous deux séjournent depuis de longs mois à la cour d’Angleterre avec d’autres Rochelais afin d’entretenir ces bonnes dispositions.

          Il n’est pas impossible que l’Angleterre saisisse aussi ce prétexte pour faire une démonstration de sa supériorité comme puissance maritime  européenne. Sous l’impulsion de Richelieu, la flotte française commence seulement à se constituer. En attendant, la France doit acheter des vaisseaux aux Hollandais. Outre ces considérations politiques, une 
troisième raison pourrait avoir motivé l’intrusion anglaise sur les côtes de l’Aunis : le chef de l’expédition, Lord Buckingham, puissant personnage à qui son roi ne saurait rien refuser, n’aurait-il pas, pour des motifs personnels, provoqué cette entreprise ?

Le duc banni du royaume de France
         
Buckingham, qui rêve d’être chez nous ambassadeur officiel, s’est vu, au contraire, interdire de remettre les pieds sur le sol français. De quel crime de lèse-majesté le tout-puissant ministre anglais s’est-il donc rendu coupable pour justifier cette interdiction ? Pour le comprendre, il faut remonter deux années auparavant. Le duc a tout simplement eu l’outrecuidance de faire publiquement la cour à la reine de France. Non pas une cour discrète, telle qu’on la pratiquait alors dans les ruelles des  
Soubise
Soubise
Le duc de Buckingham
Le duc de Buckingham
 Précieuses, à coup de vers galants et d’oeilladesenflammées – une telle conduite aurait pu être acceptable – ; mais il s’est comporté de manière si choquante et si irrespectueuse que le scandale fut grand, et que toute l’Europe en fit des gorges chaudes.

          Le premier acte de cette comédie se joue en 1625. Le duc de Chevreuse et son épouse font un séjour en Angleterre pour prendre contact avec l’entourage du roi Jacques 1er en vue d’une union entre le prince héritier d’Angleterre Charles et la princesse Henriette- Marie, troisième fille d’Henri IV et de Marie de Médicis. Le couple fait la connaissance de lord Holland, qui devient l’amant de la duchesse, et de lord Buckingham, premier ministre et favori de Jacques 1er. Buckingham, qui a passé une partie de sa jeunesse en France, apprécie notre pays et parle parfaitement notre langue.

          Le mariage a lieu par procuration à Notre-Dame le 11 mai. Le roi Jacques étant mort entre- temps, c’est le duc de Chevreuse qui remplace Charles 1er à l’autel. Buckingham vient chercher la nouvelle reine pour la conduire à son maître. En même temps, il doit négocier avec la cour de France en vue d’une aide à propos du Palatinat et d’une alliance contre l’Espagne. Après le mariage, la cour – au moins quatre cents personnes – escorte la reine d’Angleterre jusqu’à Calais où elle doit embarquer.
Le roi Louis XIII ne va pas plus loin que Compiègne. La reine-mère, Marie de Médicis, et la jeune reine Anne d’Autriche continuent la route. À Amiens, Marie de Médicis tombe malade et il faut s’arrêter. Les deux premières reines sont logées en ville. Pour la reine Anne, on réquisitionne, non loin de la Somme, une belle demeure entourée d’un jardin.

« Buckingham s’émancipa fort insolemment »
             Nous sommes en juin. C’est le soir et il fait chaud. Pour se rafraîchir, on aspire à une promenade dans les allées du jardin. La reine, Buckingham, la duchesse de Chevreuse et lord Holland marchent de front. Derrière viennent l’écuyer d’Anne d’Autriche, M. de Putanges, et La Porte, son porte manteau, tenant le châle dont elle pourrait avoir besoin si la fraîcheur venait. Le chemin se rétrécissant, la reine et Buckingham marchent devant l’autre couple qui les laisse s’éloigner pour leur ménager un tête-à-tête probablement calculé d’avance. Tout à coup, un cri se fait entendre : c’est la voix de la reine ! L’écuyer accourt ainsi que le porte manteau et plusieurs suivantes tandis que le duc, embarrassé, se perd dans la nuit.
            Que s’est-il passé ?
            Les chroniqueurs et mémorialistes du temps n’ont pas manqué de relater l’événement. Nous n’en citerons que quelques-uns. En premier La reine de France Anne d’Autriche lieu, Tallemant des Réaux, qui n’y va pas par quatre chemins :« Le galant culbuta la reine et lui écorcha les cuisses avec ses chausses en broderie », écrit-il. Et il ajoute : « Ce fut en vain ». La Porte raconte que « Buckingham s’émancipa fort insolemment jusqu’à vouloir caresser la reine ». La fidèle Mme de Motteville évoque dans ses
Mémoires la surprise d’Anne d’Autriche « étonnée de se voir seule et apparemment importunée par quelque sentiment trop passionné du duc ».
            Mais les choses ne s’arrêtent pas là. À Calais, Buckingham trouve une mer démontée. Il lui est impossible de faire traverser Henriette-Marie dans ces conditions. On lui remet alors des lettres de son roi. Voilà un bon prétexte pour retourner vers les reines restées à Amiens. Après avoir parlé affaires politiques avec Marie de Médicis, il obtient d’elle l’autorisation de faire visite à la reine Anne. Il la trouve allongée sur son lit comme c’est la mode à l’époque. Le séducteur se répand en déclarations, puis s’effondre en sanglotant sur la couverture, malgré les rappels à l’étiquette que lui prodigue l’entourage. La reine elle-même doit lui commander froidement de se retirer.

 « Ses respects ne furent point importuns »
        
    Anne d’Autriche a-t-elle encouragé par ses regards ou ses paroles le comportement du beau duc anglais ? Mme de Motteville décrit la situation avec beaucoup de clairvoyance : « Le duc de Buckingham fut le seul qui eut l’audace d’attaquer son coeur… Il était bien fait, beau de visage ; il avait l’âme grande ; il était magnifique, libéral et favori d’un grand roi. Il avait tous ses trésors à dépenser et toutes les pierreries de la couronne d’Angleterre pour se parer.
LaLa reine de France Anne d' Autriche
LaLa reine de France Anne d' Autriche
Il ne faut pas s’étonner si,avec tant d’aimables qualités, il eut de si hautes pensées, de si nobles, mais si dangereux et blâmables désirs, et s’il eut le bonheur de persuader ceux qui en ont été les témoins, que ses respects ne furent point importuns ».
           À travers la délicatesse des propos, on croit comprendre qu’Anne d’Autriche aima peu ou prou son bouillant adorateur. Il est vrai aussi que la jeune reine (elle avait alors vingt-quatre ans) avait en Louis XIII un mari assez peu empressé. Selon l’expression du nonce catholique venu demander des comptes, il avait mis un certain temps à « parfaire son mariage ». Il est vrai aussi que ce mariage s’était fait surtout par la volonté de sa mère à laquelle il avait dû céder, n’ayant que quatorze ans, tout comme la jeune épousée. Il est notoire que malgré des visites régulières à sa femme, le roi préférait de beaucoup la compagnie de ses jeunes écuyers et fauconniers avec qui il pouvait parler de ses chiens, de ses oiseaux et de la chasse qui était de loin son occupation favorite.

« Le diable »et « le péché » pour compagnes

             Cela étant, la reine est loin d’être irréprochable. Elle entretient avec son pays d’origine une correspondance secrète. Ses compagnes préférées sont la princesse de Conti, surnommée « le péché » par Louis XIII, et la duchesse de Chevreuse en qui Richelieu voit « le diable ». Cette dernière, veuve du duc de Luynes et remariée avec le duc de Chevreuse, est une collectionneuse d’amants et une comploteuse impénitente qui méritera plusieurs fois d’être exilée. Louis XIII lui garde rancune car un jour, au Louvre, elle a entraîné la jeune reine dans une glissade qui s’est terminée par une fausse- couche. Intendante de sa maison, elle entretient dans l’esprit de sa maîtresse une effervescence romanesque, lui faisant lire L’Astrée, le roman à épisodes d’Honoré d’Urfé, si prisé des Précieuses. Lui parlant constamment de Buckingham, « le plus bel homme de son temps », elle l’a amenée à s’intéresser à lui plus qu’il ne faudrait. Un peu naïve, Anne d’Autriche, qui est attrayante, aime les hommages, et comme l’écrit La Rochefoucauld « Avec beaucoup de vertu, elle ne s’offensait pas d’être aimée ».
            
             Pour ce qui concerne la scène du jardin d’Amiens, la princesse de Conti précisera qu’ «
elle garantissait la vertu de la reine de la taille jusqu’aux pieds, mais, de la taille jusqu’aux pieds seulement ».
             On comprend aisément qu’à la suite de cet intermède, Buckingham se soit vu interdire de revenir sur le sol de France. Il en est furieux. De retour dans son pays, il déclare à qui veut l’entendre qu’ « il verra cette dame et lui parlera en dépit de toutes les puissances de France » et même qu’ «[il fera son] chemin vers Paris à la tête d’une armée ».

Le siège de la citadelle de Saint-Martin
             
              En cette fin d’été 1627, Toiras et ses hommes connaissent des moments difficiles. Il faut dire que l’édifice, inachevé, n’est pas couvert sur toute sa surface. L’approvisionnement est insuffisant, ce que Richelieu reprochera plus tard au gouverneur. La literie manque, ainsi que les médicaments et le vin. Un seul puits à l’intérieur permet d’avoir de l’eau potable. On recueille l’eau de pluie quand c’est possible. Dès le début, le chef organise un rationnement en nourriture et en boisson. On est assez vite obligé
de manger les chevaux que, de toute façon, on ne peut pas nourrir. Bien renseigné, Buckinghamcompte d’ailleurs sur la famine pour obliger les assiégés à se rendre. Heureusement, Toiras reçoit une lettre du roi, datée du 24 août, qui le réconforte : « Je vous prépare un grand secours pour vous libérer du siège, attendant que vous continuiez avec la même résolution et passion… pour le bien de mon service et de cet État ».

Côté anglais, la situation n’est guère plus brillante. Buckingham réclame en vain à son pays des hommes et du matériel. Il s’efforce de verrouiller la face nord de la citadelle qui s’ouvre sur le Pertuis Breton. Sa flotte tente d’y établir un barrage permanent afin d’empêcher l’arrivée du ravitaillement. Une sommation de se rendre est adressée aux assiégés fin août. En face, Toiras affirme sans ambiguïté sa volonté de résister jusqu’au bout. Malgré sa force morale et sa capacité à ranimer les courages défaillants, des désertions se produisent. Pour informer le roi et Richelieu de la situation désespérée qui commence à être la leur, le gouverneur envoie sur le continent trois nageurs porteurs de messages. L’un deux se noiera, le second sera pris par les Anglais. Un seul, nommé Pierre Lanier, finit par prendre terre au moulin de Laleu. Il est reçu par le duc d’Angoulême, lieutenant-général de l’armée royale.
               Sur l’île, entre le chef des assiégés et le chef des assiégeants, on échange des courtoisies. Dès le début, Toiras a fait savoir à Buckingham qu’il lui léguait son cheval s’il mourait au combat. L’Anglais répond qu’ «[il] en chérirai[t] davantage les crins que les cheveux de sa maîtresse ». On s’envoie de menus cadeaux. À la saison, le Français reçoit des melons de son adversaire. Il lui expédie de l’eau de fleur d’oranger et de la poudre de Chypre.

Monsieur de Saint-Surin, témoin de la passion du duc
              Gentilhomme saintongeais, Henri de Saint-Surin fait partie des cent cinquante volontaires enfermés dans la citadelle. Toiras, qui lui fait confiance, n’hésite pas à l’envoyer en mission auprès du duc. Celui-ci, qui vit avec faste sur son navire-amiral, le reçoit avec mille politesses et l’emmène dans une sorte de luxueux oratoire où la divinité n’est autre que la reine de France. Tallemant des Réaux décrit ainsi cette scène surréaliste : « Il y avait comme une espèce d’autel où était le portrait de la Reyne avec plusieurs flambeaux allumés. Après, il lui donna la liberté, à condition d’aller dire à Monsieur le Cardinal qu’il se retirerait et livrerait La Rochelle… pourvu qu’on lui promît de le recevoir en ambassadeur en France. Il lui donna aussi l’ordre de parler à la Reyne de sa part. Saint- Surin vint à Paris et fit ce qu’il avait promis ». Saint-Surin est reçu par Richelieu qui refuse de voir le jeune cousin de Buckingham qui l’accompagne. L’entrevue reste sans effets.
               La situation ne progresse pas. Toiras est malade. Ses effectifs diminuent tandis que les Anglais reçoivent du renfort. Les assiégeants peuvent ainsi resserrer le blocus. Pour eux, l’ennemi est déjà « comme un lièvre dans un filet ». Le 10 septembre, les assiégés de La Rochelle ouvrent les hostilités en tirant le canon contre l’armée royale, prenant ouvertement le parti des Anglais. Pourtant, ceux-ci triomphent un peu trop vite.

Richelieu vient au secours de Toiras
              Le Cardinal, qui a compris l’enjeu que représente pour le royaume l’issue du siège de l’île de Ré, n’hésite pas à engager sa fortune personnelle dans l’achat de bateaux qui pourront enfin ravitailler les malheureux assiégés.
Le cardinal de Richelieu
Le cardinal de Richelieu
En son nom, le commissaire de la Marine, Sauvé, va à Bayonne acheter des pinasses basques avec leurs équipages. Elles sont chargées de vivres aux Sables d’Olonne. Un gentilhomme basque, Valin, dirige ces petits bateaux vers la citadelle. Ils apportent également des munitions. Réussissant à passer, ils repartiront avec des blessés, des femmes et des enfants réfugiés dans le fort.
           Cela permet de patienter encore un peu. Mais l’on espère voir venir des secours plus importants. En attendant, les provisions s’épuisent. Toiras demande de nouvelles pinasses chargées de vivres en précisant au roi : « Le huit du mois d’octobre pour le plus tard, car le soir du huit, je ne serai plus dans la place, faute de pain ». Le 7 octobre, ses envoyés demandent à parler à Buckingham à propos de la reddition de la citadelle. La mort dans l’âme, le gouverneur commence à rassembler ce qu’il reste d’armes et de munitions avant de se rendre. Le duc se méfie et fait lui-même bonne garde du côté de la mer. La nuit du 7 au 8 octobre est très noire. Arrive une flotte de trente-cinq voiles conduites par des pilotes de toutes provenances. Avec eux, soixante gentilshommes, deux cent cinquante soldats, près de cinq cents matelots, seize canonniers, deux chirurgiens et un aumônier. Les Français ont pour mot de passe « Vive le Roi ! Passer ou mourir ! » Ils réussissent à passer, malgré les obstacles accumulés par l’ennemi. Vingt-neuf bâtiments sur trente-cinq arrivent au pied de la citadelle. Quand sonnent huit heures du matin, les assiégés, en haut des remparts, exhibent au bout de leurs piques bouteilles de vin, jambons, chapons et autres denrées 
salvatrices.

Une défaite chèrement payée
              Louis XIII arrive à Aytré le 12 octobre. Entre le 18 et le 30, une partie de l’armée royale, sous les ordres de Schomberg et de Marillac, débarque sur l’île. Le 6 novembre, dans un assaut désespéré, quatre à cinq mille Anglais se ruent sur la citadelle. Côté français, même les blessés et les malades participent au combat pour les repousser. Le duc comprend qu’il n’a plus qu’à rembarquer, malgré les instances des Rochelais qui commencent à souffrir de la famine. Il adresse un dernier message à Toiras dont il loue « la prudence, la patience, la valeur ».
              L’amiral en chef anglais, qui a renoncé à ses fastes pour partager la vie de ses soldats, se prépare à un retour sans gloire. Les Français, « pour leur ôter l’envie de revenir », poursuivent leurs ennemis qui font retraite. Alors qu’elle se trouve sur l’étroit passage qui relie à l’île de Loix, la cavalerie anglaise est poussée dans les marais. Le rembarquement se fait dans le désordre. Buckingham embarque le dernier, une fois les prisonniers des deux camps relâchés. Quatre drapeaux anglais ramenés à Paris seront triomphalement suspendus aux voûtes de Notre-Dame. De l’autre côté de la Manche, les navires des Le cardinal de Richelieu Une défaite chèrement payée Louis XIII cause la bravoure et la compétence de son favori. Il impute l’échec de cette expédition à l’inertie et au mauvais vouloir de ses fonctionnaires et de ses chefs militaires. Pour consoler son cher « Steenie », il lui offre même un bracelet de diamants.
Louis XIII
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