Le siège de l'île de Ré en 1627 page 2 suite.
Néanmoins, le prestige du duc est sérieusement compromis. Le trésor à sec ne permet pas de payer les marins qui se mutinent. Les Chambres réunies n’hésitent pas à proclamer :« Buckingham est responsable de toutes nos misères ».
Son impopularité est telle que son entourage lui conseille de porter une cotte de mailles, ce qu’il refuse. Deux expéditions anglaises, menées par son beau-frère, lord Denbigh, ont échoué à La Rochelle devant la digue de Richelieu. Il se prépare à aller lui-même porter secours aux huguenots assiégés. Il n'en a pas le temps.
Le 23 août 1628, un officier sans commandement nommé John Felton se précipite sur lui avec un poignard et le tue.
Le roi Charles pleure beaucoup mais le peuple crie sa joie.
Buckingham, héros romantique
En France, on s’en doute, celui qu’on appelle négligemment Bouquinquant est peu regretté. Toutefois, la duchesse de Chevreuse s’évanouit à l’annonce de cette mort. Richelieu émet sur lui un jugement des plus sévères : « Il était entre le bon sens et la folie, plein d’extravagance, furieux et sans borne en ses passions ». Les Rochelais assiégés parlent de « perfidie » et de « trahison ». Aux yeux du duc de Rohan, « le grand-amiral n’est entré en guerre, ni par affection de religion, ni pour l’honneur de son maître, mais seulement pour satisfaire à la passion de quelques folles amours qu’il avait en France ».
Charles Ier d'Angleterre
Ces jugements ne sont peut-être pas entièrement mérités. Buckingham était mal secondé dans ses entreprises et la chance ne fut pas avec lui. Le siège de la citadelle de Saint-Martin avait été abordé et conduit sans faute majeure de sa part. Il s’en est fallu de peu qu’il ne l’emportât.
Son amour pour Anne d’Autriche était-il authentique, ou se jouait-il à lui-même une comédie qui flattait sa vanité ? Renonçons à y voir clair ! Relisons plutôt Les Trois Mousquetaires !
Son amour pour Anne d’Autriche était-il authentique, ou se jouait-il à lui-même une comédie qui flattait sa vanité ? Renonçons à y voir clair ! Relisons plutôt Les Trois Mousquetaires !
Alexandre Dumas
Alexandre Dumas rend le personnage sympathique, en faisant de lui un héros romantique « brave, hardi, entreprenant ».
Le duc, qui séjourne clandestinement à Paris, obtient une entrevue secrète avec la reine dans son appartement du Louvre. Une scène digne du théâtre d’Hugo, au cours de laquelle elle lui offre les fameux ferrets de diamant qui créeront le suspense du livre. Il faut savoir que ces ferrets ont réellement existé. La Rochefoucauld les cite dans ses Mémoires. Ils figurent également dans l’in-ventaire après décès des bijoux d’Anne d’Autriche.
Quant au débarquement sur l’île de Ré, il est probable que, sous le prétexte d’apporter du secours aux protestants de la Rochelle, les Anglais s’étaient trouvé là une bonne raison de reprendre pied sur le sol français.
Sources :
Christian Audebaud, Le maréchal de Toiras, A et T éditeurs
François de Vaux de Folletier, Le siège de La Rochelle
Tallemant des Réaux, Les Historiettes, La Pléiade
Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires
