S’il existe en France une institution solide et bien ancrée dans la mémoire collective, c’est bien celle des départements. Jugés parfois obsolètes, critiqués, qui demeurent et défient le temps. Alors que la disparition récente de la Région Poitou-Charentes n’a guère provoqué que de vagues de protestation, celle de la Charente-Maritime serait tout simplement inenvisageable !
Il est donc intéressant de retracer, dans le cadre national, le pourquoi et le comment de la création de notre département.
Dès l’été 1789, l’Assemblée nationale, devenue Constituante, s’attelle en particulier, dans un royaume traumatisé et bouleversé dont les vieilles structures ont craqué, à sa reconstruction administrative. Les historiens ne peuvent qu’être admiratifs devant l’ampleur et la qualité du travail qui va être réalisé en quelques mois.
On ne perd pas de temps : le 7 septembre 1789, un Comité est constitué, avec comme rapporteur Thouret. Comme base des recherches, la suppression totale des anciennes unités administratives est décidée une fois pour toutes. Un premier projet, qui prévoyait le partage géométrique de la France en carrés de même dimension, est repoussé. Le 11 novembre, l’Assemblée adopte un nouveau principe de découpage qui aboutit, le 22 décembre, à la naissance théorique des départements : les nouvelles circonscriptions doivent avoir des dimensions du même ordre, une taille raisonnable permettant dans la journée de se rendre à cheval au chef-lieu et d’en revenir. Sous l’autorité de l’État, elles serviront de cadre à toutes les administrations, seront divisées en districts et en communes. À chaque niveau, les responsabilités seront exercées par des collèges élus. Dans ces conditions, l’institution des départements apporte une simplification et une rationalisation bien venues !
U n bouleversement souhaitable et inévitable
Le 4 mars1790, un décret de l’Assemblée constituante crée 83 départements. Parmi eux, la Charente-Inférieure.
Ces nouvelles circonscriptions administratives se substituent aux anciennes structures de l’Ancien Régime, qui disparaissent totalement.
Pourquoi cette innovation ?
À l’approche de la Révolution, le royaume de France était menacé d’asphyxie par l’extraordi- naire complexité de sa carte administrative : les domaines féodaux, les baillages et les sénéchaussées créés pour rendre la justice et gérer les finances royales, les limites d’évêchés et d’autres circonscriptions, se superposaient et s’enchevêtraient, tandis que les provinces, de tailles très inégales perduraient !
L'énorme travail de l'Assemblée Constituante
Bien sûr, à une période où triomphe la liberté d’opinion et de parole, les discussions sont acharnées, les pressions multiples, surtout à propos de la délimitation des frontières ou du choix des chefs-lieux. Ainsi, les députés de l’Aunis demandent qu’à elle seule leur petite province soit érigée en département autonome. Ils échouent. Après des mois d’intense activité, le 4 mars paraît le décret d’application qui crée concrètement les nouvelles unités administratives. Au nombre de 83, les départements reçoivent des dénominations qui font largement appel à la géographie physique, qu’il s’agisse de montagnes ou de fleuves. À ce propos, l’adjectif « inférieur », accolé à la Seine, à la Loire, à la Charente, en relation avec la partie aval des cours d’eau, ne pose alors aucun problème !
La création de la Charente-Inférieure
D’une superficie de 6 850 km2, le département de la Charente-Inférieure regroupe pour l’essentiel les deux petites provinces de la Saintonge et de l’Aunis, et couvre en grande partie le territoire de la défunte généralité de La Rochelle. ../..